© Fournis par AFP Un Boeing 737 MAX 8 décollant le 29 janvier 2016 à Renton, dans l'Etat de Washington aux Etats-Unis |
Pour la deuxième fois en quelques mois, un Boeing 737 MAX 8 s'est écrasé quelques minutes après son décollage, soulevant de nouvelles questions sur les débuts de cet appareil essentiel pour le constructeur américain.
Les 157 passagers et membres de l'équipage qui avaient pris place à bord du vol d'Ethiopian Airlines sont morts dimanche, a confirmé la compagnie.
Cette tragédie survient après celle de Lion Air fin octobre. L'appareil moyen-courrier de la compagnie à bas coûts indonésienne s'était, lui, abîmé en mer de Java tuant 189 personnes.
"Il est trop tôt pour faire des commentaires pertinents", a réagi Richard Aboulafia, expert aéronautique chez Teal Group, interrogé sur les circonstances de l'accident et les similarités entre les deux tragédies.
Seules les données du vol et les conversations dans le cockpit contenus dans les deux boîtes noires de l'appareil pourront en effet donner des éléments tangibles sur les causes de l'accident: problèmes techniques, erreur de pilotage ou la combinaison de plusieurs facteurs.
Pour l'heure, "le pilote a mentionné qu'il avait des difficultés et qu'il voulait rentrer" et "il a eu l'autorisation" de faire demi-tour et de repartir vers Addis Abeba, a indiqué le PDG de la compagnie, Tewolde GebreMariam, lors d'une conférence de presse à Addis Abeba.
On sait en outre que les conditions météorologiques étaient bonnes dimanche matin à Addis Abeba.
Coïncidence ou bis repetita?
"Il s'agit du même avion. Comme pour Lion Air, l'accident se passe très peu de temps après le décollage et les pilotes ont émis des messages pour dire qu'ils étaient en difficulté puis il y a eu perte de l'avion. Il est difficile de dire que cela ne ressemble pas au premier accident", concède un expert aéronautique, qui a requis l'anonymat.
"Il s'agit seulement de similarités et la comparaison s'arrête là dans la mesure où nous n'avons pas d'information fiable à ce stade", a insisté de son côté Michel Merluzeau, directeur de Aerospace & Defence market Analysis.
Dans les deux cas, les compagnies sont en outre réputées pour être des transporteurs sérieux.
Depuis l'accident de Lion Air, le 737 MAX suscite de nombreuses interrogations dans la communauté aéronautique alors que ce programme avait rencontré des problèmes lors du développement de cet appareil.
L'avionneur Boeing avait même décidé de suspendre en mai 2017 les vols tests du programme 737 Max, en raison d'un problème de qualité de fabrication du moteur produit par CFM, co-entreprise de l'américain General Electric et du français Safran.
Fin janvier, 350 exemplaires du nouveau biréacteur et mono-couloir avaient été remis à leurs acquéreurs, sur 5.011 commandes enregistrées par Boeing, soit un carnet de commandes équivalent à plus de sept ans de production au rythme actuel.
Ce nouvel accident est un coup dur pour Boeing dont la famille des moyen-courriers MAX est la version remotorisée du 737, best-seller de tous les temps avec plus de 10.000 exemplaires produits.
"Le MAX est un programme essentiel pour Boeing pour la prochaine décennie. Il représente 64% de la production totale du constructeur jusqu'en 2032 et il a des marges opérationnelles significatives", explique Michel Merluzeau.
"C'est un outil essentiel au transport mondial et au commerce international", ajoute-t-il.
Il souligne que pour Boeing, les prochaines 24 heures seront "clés" d'un point de vue de la gestion de crise car le constructeur va devoir rassurer aussi bien les voyageurs que les investisseurs sur la fiabilité de son avion.
Dimanche, Boeing s'est déclaré "profondément attristée d'apprendre la disparition des passagers et de l'équipage du vol Ethiopian Airlines 302", précisant qu'une équipe technique était mise à disposition pour aider l'enquête.
Pour l'expert ayant requis l'anonymat, Boeing va sans doute être sanctionné en Bourse mais il souligne qu'in fine, les dégâts seront limités pour le groupe, en duopole avec l'européen Airbus.
Et, l'importance de cet avion est telle pour Boeing que si des corrections techniques devaient être faites, il les fera.
A la suite de l'accident du premier 737 MAX de la compagnie Lion Air en Indonésie le 29 octobre 2018, la communauté aéronautique s'était interrogée sur le manque d'information des compagnies et des pilotes sur son nouveau système anti-décrochage.
La fédération des pilotes américains avaient alors mis en lumière un problème d'informations erronées des capteurs d'incidence (AOA, Angle of Attack sensor) "qui pourraient être le système causal de l'accident de Lion Air".
Un dysfonctionnement sur les AOA peut conduire l'ordinateur de bord, pensant être en décrochage, à mettre l'appareil en piqué alors qu'il faudrait au contraire le redresser.
Par Delphine TOUITOU - AFP
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